LE MYSTÈRE DE LA SIMPLICITÉ.
GABRIEL CUALLADO
Un regard austère et poétique au quotidien
Né en 1925, Gabriel Cuallado est considéré comme l'un des pionniers du mouvement de rénovation de la photographie espagnole de la seconde moitié du XXe siècle. Parmi les traits les plus marquants de son travail, il y a le regard humaniste et poétique avec lequel il dépeint la réalité grise de la société espagnole d'après-guerre. Loin des grands événements, Cuallad se concentre sur les détails intimes et proches de la vie quotidienne, au travers des photographies de ses amis, de sa famille et de personnes anonymes qu’il capture à la volée. Ses années les plus prolifiques sont celles des années 50, 60 et 70, au cours desquelles il signe des séries photographiques se déroulant à Madrid, Paris, ainsi qu’aux Asturies.
L'enfance orange
Années 1920 - 40
Né de parents horticulteurs, dans un petit village espagnol, Cuallado grandit dans une Espagne enchevêtrée et autoritaire. Enveloppé de la douce odeur des oranges de son père, d’un côté et submergé par l'austérité d’un pays qui s’embrase dans la dictature de Franco, de l’autre; son enfance est profondément marquée par le clinquant et la rigidité. En 1941, il se rend à Madrid pour travailler au sein de la société de son oncle, marquant ainsi le début de son aventure cosmopolite.
La naissance d'un mouvement
Années 1950
En 1951, son premier fils naît et il achète un appareil photo Capta pour une poignée de pain, afin de capturer ses premiers pas. En 1956, il intègre la Société de Photographie Réelle de Madrid (RSF) et est invité à rejoindre le groupe de photographes Afal. Ensemble, ils lancent le Mouvement de Rénovation de la Photographie Espagnole. En 1957, ils organisent la première exposition officielle du mouvement dans l’une des galeries d’art de la ville et, quelques années plus tard, l’une des images de Cuallado (« Le Mariage de Ramón Masats ») est récompensée par le magazine américain Popular Photography.
La diffusion mondiale
Années 60
En 1961, Cuallado reçoit le trophée Luis Navarro de la Photographie d’Avant-Garde. Cette période marque ainsi le début de la diffusion du travail, non pas seulement du groupe et, mais aussi de son oeuvre individuelle, en dehors de leur Espagne natale. Tout au long de la décennie, leurs oeuvres sont exposées dans des évènements et centres d’art majeurs de grandes villes européennes ; de la Biennale de Pescara en Italie, à la bibliothèque de l’ambassade d’Espagne à Paris, au Musée Fodor à Amsterdam et jusqu’à l’exposition « Interpress-Photo » de la ville de Moscou. La photo « Fille à la rose » de Cuallado, entre dans la collection de la Bibliothèque Nationale de France et ses images commencent à être publiées dans l’édition annuelle du livre britannique de renommée « Photography Year Book ».
La consécration
Années 1970 - 90
En 1978, les photos de Cuallado sont présentées au Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles, ainsi (sincronizar con la version en español) qu’au Musée National d’Art Contemporain de Madrid. Quelques années plus tard, ses photos sont publiées dans les livres d’art "The Complete Book of Photographers" (Mac Millan, Los Angeles), ainsi que dans "Contemporary Photographers" (St. James Press, Londres). En 1992, l'IVAM organise une grande exposition individuelle qui marque sa consécration comme grand photographe espagnol du milieu du 20e siècle. Il reçoit le prix ICI du meilleur photographe européen du National Museum of Photography, Film and Television (Bradford UK). En 1994, il reçoit le Premier Prix National de Photographie espagnol, suivie, en 1998, de la médaille d'or du Círculo de Bellas Artes de Madrid, consolidant ainsi officiellement sa consécration.
L'héritage
Années 2000
Il décède en 2003, laissant derrière lui un héritage qui perdure, racontant l'histoire d'une Europe d'après-guerre aussi fragmentée que touchante. Tout au long des années 2000, diverses expositions ont lieu pour rendre hommage à son oeuvre. De l'IVAM en 2003, au Cercle des Beaux-Arts de Madrid en 2014 et jusqu'à la grande exposition « Cuallado Essential », présentée en 2019 à Sala Canal (Madrid), ainsi qu'à La Pedrera (Barcelone).
